Pensez à une époque où vous avez vécu une déception émotionnelle ou un choc. Par exemple, une perte d’emploi, une maladie, un accident, une rupture ou une mauvaise nouvelle qui change la vie.
Rappelez-vous la frustration, la douleur, la tristesse, l’anxiété, la peur ou l’inquiétude que vous avez ressenties. Pendant que vous réfléchissez, vous souvenez-vous d’un ami ou d’un membre de la famille bien intentionné essayant de vous donner de la positivité et de l’espoir ? Peut-être que vous avez entendu quelque chose comme, « Tout arrive pour une raison », « Cela aussi passera » ou encore « Ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts ».
Peut-être qu’ils ont dit : « Ça va aller », « Tu va traverser ce moment » ou « Ne t’inquiète pas, tu trouveras quelqu’un d’autre ». Ou, peut-être ont-ils essayé de vous faire sentir mieux en partageant des avis comme : « Je connais quelqu’un qui a eu le même type de problème et qui va bien maintenant », « N’abandonne jamais » ou l’un des meilleurs, « Ça pourrait être pire ».
Comment vous sentiez-vous après ces mots? Quelle a été votre réaction? Leur positivité et leur optimisme vous ont-ils fait vous sentir mieux? Cela vous a-t-il fait sentir aimé et compris? Ou vous sentiez-vous bouleversé, jamais entendu?
C’est cela de la positivité toxique.
Qu’est-ce que la positivité toxique ?
La positivité toxique peut être définie comme suit :
la généralisation excessive d’un état heureux et optimiste qui se traduit par le déni, la minimisation et l’invalidation de l’expérience émotionnelle humaine authentique.
Voici ci-dessous quelques exemples de positivité toxique :
- Ignorer, cacher ou minimiser ses émotions ou ses sentiments réels.
- Se sentir mal, coupable ou honteux de ce que nous ressentons.
- Jouer un « rôle » lorsque nous nous sentons différents à l’intérieur.
- Prétendre que tout va bien quand ce n’est pas le cas.
- Minimiser les émotions des autres.
- Faire honte aux gens d’avoir des émotions négatives.
- Invalider l’expérience d’une personne en ne reconnaissant pas le vrai problème / la douleur / la frustration.
- Minimiser la douleur de quelqu’un avec des citations et la façon dont nous pouvons interpréter les choses.
Bien que je sois comme vous pouvez le constater (dans cet article notamment) un grand partisan de la psychologie positive – et nous connaissons tous les nombreux avantages de la positivité et de l’optimisme – il y a des moments où ces traits sont non seulement inutiles, mais peuvent être destructeurs et nuisibles !
Voici notamment des cas ou la positivité peut devenir contre-productive :
- La positivité n’est pas positive lorsqu’elle nie, invalide ou minimise les émotions humaines authentiques.
- L’optimisme n’est pas utile lorsqu’il incite les gens à ressentir de la honte, de la culpabilité.
- L’espoir n’est pas utile lorsqu’il ne permet pas la montée et la chute naturelles des émotions ou lorsqu’il ignore la gravité d’une situation.
- Le stoïcisme n’est pas courageux quand il nous oblige à étouffer nos émotions réelles et vraies et à être inauthentique avec ce que nous ressentons vraiment.
- Les interprétations ne sont pas favorables lorsqu’elles marginalisent notre propre expérience.
La positivité débridée dans une expérience d’échec ou de détresse fait que les gens se sentent moins bien, pas mieux.
Les alternatives à la positivité toxique
Reconnaître et valider les sentiments et les émotions des autres
Souvent, tout ce que souhaite quelqu’un c’est de la reconnaissance et la validation de ses sentiments.
Nous voulons tous nous sentir entendus et vus. Nous ne voulons pas que quelqu’un nous dise comment ressentir (ou ne pas ressentir) une mauvaise période que nous traversons.
Reconnaître ses propres émotions
Lorsque nous ne faisons pas face à nos propres émotions, elles remontent toujours. Ce que l’esprit cache le corps le révèle.
Lorsque nous essayons de les cacher, de les pousser vers le bas ou d’ignorer nos émotions et nos sentiments, ils ne disparaissent pas. Ils vont profondément en nous. Ils nous rongent, provoquent des ulcères, des maux de dos, des maladies…
Cette crise cardiaque « soudaine », l’hypertension « inexpliquée » ou l’anxiété « confondante » peuvent ne pas être si inexplicables après tout.
Nous devons reconnaître et ressentir nos émotions. C’est normal de ne pas aller bien – d’être en colère, fatigué, effrayé ou frustré. Lorsque nous ressentons nos émotions, cela libère et empêche ces sentiments de nous ronger sous la surface.
En fait, vivre des émotions négatives présentes de nombreux avantages.
Dans une étude sur l’acceptation émotionnelle, Iris Mauss, professeur agrégée de psychologie à UC Berkeley, a constaté que « les personnes qui acceptent habituellement leurs émotions négatives ressentent moins d’émotions négatives, ce qui contribue à une meilleure santé psychologique ».
Cela ne signifie évidemment pas que nous devons nous complaire dans nos émotions négatives. Une fois que nous les reconnaissons et les acceptons, elles peuvent refaire surface et passer.
Ressentez vos sentiments, mais ne les laissez pas devenir vous.
Dr. Ruth Ziemba
Faire preuve d’empathie et de compassion
L’empathie est la capacité de comprendre et de partager les sentiments d’autrui, ou la capacité de se mettre à sa place. Ainsi, un simple « Cela semble vraiment difficile » ou « Je suis désolé que vous traversiez cela » va bien au-delà de l’optimisme incontrôlé.
Il en va de même pour la compassion. La compassion – des racines « passion » (souffrance) et « com » (avec) – signifie souffrir avec l’autre. La compassion est une partie innée de la réponse humaine à la souffrance, qui consiste en une expérience en trois parties consistant à remarquer la douleur d’un autre, à ressentir avec un autre et à réagir d’une manière ou d’une autre.
La clé ici est de remarquer la douleur d’autrui, de tenter de ressentir cette douleur et de répondre d’une manière qui convient à leurs besoins et à leur situation.
La vulnérabilité crée des liens
Nous devons avoir à l’esprit que la vulnérabilité crée des liens. Quand les gens nous voient dans notre globalité, ils apprennent à bien nous connaître. Ils se sentent plus proches, plus connectés et acceptés.
Ainsi, lorsque des personnes qui nous entourent font face à des choses stressantes, bouleversantes ou carrément douloureuses, il peut être pertinent d’être plus sensible, réfléchi et ne pas spécialement chercher à transmettre nos suggestions sur la façon de résoudre ce problème. Cela avec des paroles de sagesse ou des citations positives.
Trouver le bon moment
Soyons clairs. Cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas être positifs, en partageant nos expériences, nos espoirs et notre optimisme avec les autres. Cet optimisme et cet espoir pourraient être exactement ce dont quelqu’un a besoin. Nous devons ici avoir conscience qu’il y a un temps et un lieu pour tout !
Lorsque votre meilleure amie vient de vous dire que son petit ami l’a quittée de façon inattendue, en lui disant : « Tu trouveras quelqu’un de mieux » ou « Je ne l’ai jamais aimé de toute façon », cela risque de ne pas être très utile.
Au lieu de cela, demandez-lui comment elle va, asseyez-vous et parlez avec elle, apportez-lui quelque chose qui peut la réconforter comme des chocolats. Permettez-lui de ressentir ses émotions. Puis, alors que les blessures commencent à cicatriser, faites-lui savoir à quel point elle est belle, que vous savez qu’elle trouvera quelqu’un, puis offrez ensuite de l’inspiration, de l’optimisme et de la positivité. 🙂
Il y a en effet un temps pour tout. Comme le dit le dicton, il est difficile de voir l’arc-en-ciel lorsque nous sommes au milieu d’une tempête.
Apprendre à écouter
Souvent, nous forçons l’optimisme parce que nous ne savons pas quoi répondre dans une situation donnée. Quelqu’un que nous aimons souffre et nous voulons qu’ils se sentent mieux.
Souvent, nous sommes mal à l’aise dans les émotions négatives donc nous voulons y remédier. Nous voulons faire quelque chose, n’importe quoi pour nous sentir mieux. N’oublions ainsi pas que l’écoute EST quelque chose.
Écoutons pour comprendre ce qui se passe. Gardons un espace pour que la personne que nous souhaitons aider partage ouvertement et sans crainte de jugement, de critique ou de honte.
Lorsque nous prenons le temps d’écouter, nous pouvons vraiment comprendre ce que quelqu’un ressent d’une situation. Et lorsque nous comprenons vraiment ce qu’ils ressentent, nous serons mieux préparés à réagir lorsque le moment et le lieu seront appropriés.
Suivre leurs pensées
Lorsqu’une personne nous partage quelque chose qui se passe pour elle, suivons-la. Si son explication mène à de la frustration et de la déception, laissons la se diriger dans cette voie. Si elle s’engage sur la voie de l’optimisme et de l’espoir, montons dans ce train avec elle.
Être simplement là
Souvent, nous répondons avec une positivité ou un optimisme inutiles parce que nous ne savons pas quoi faire d’autre. L’espoir est réel, tout comme la douleur.
Lorsqu’une personne souffre, elle n’attend généralement rien de spécial de notre part. Elle veut juste savoir que nous sommes là pour elle, quand elle est heureuse ou non, dans le bon comme dans le mauvais.
Tâchons simplement d’être gentil, être compatissant et bienveillant. Validons leurs sentiments et faisons-leur savoir que nous sommes là pour eux.
Pour conclure…
En fin de compte, il ne s’agit pas d’être « positif » ou « négatif », « optimiste » ou « pessimiste » ou quoi que ce soit entre les deux. Il s’agit d’être réel et authentique.
Nous devons surtout retenir qu’il y a un temps et un lieu pour tout. Un temps pour la reconnaissance, pour la validation et la compassion afin que nous puissions aider de façon plus pertinente les personnes qui nous sont chères à guérir et aller de l’avant. 🙂
Portez-vous bien et à bientôt!